Cet article a été aussi posté sur le side des communautés catholiques francophones dans le monde.
C’est par un beau dimanche ensoleillé de fin septembre 2020, que 7 enfants de la Communauté Catholique Francophone de la Silicon Valley (CathoSV) ont reçu Jésus pour la première fois.
Une grande joie pour les enfants, leurs familles, leurs catéchistes et toute la communauté !
Une joie toute particulière parce qu’attendue depuis des mois…Il faut dire que faire sa première communion en 2020 en Californie s’apparentait plus à une aventure mouvementée (mais non moins passionnante!) qu’à un parcours classique…
Tout a commencé en janvier 2019, avec une première séance intitulée “J’aime la messe!” Ont suivi 9 séances supplémentaires pour découvrir la beauté de la messe et plus précisément de l’Eucharistie, avec le parcours Devenez ce que vous recevez. Un parcours particulièrement riche, ponctué de visites régulières dans l’église et d’un cheminement vers le sacrement de réconciliation. Alors que la date de la célébration approchait enfin (17 mai 2020) et que nous préparions la retraite qui devait clôturer ce parcours, la crise du Covid est venue perturber nos plans. On annule une, puis deux séances…en pensant que tout cela ne sera pas long. C’est finalement la retraite elle-même qui est annulée, puis la célébration. Un coup dur pour notre joyeuse troupe qui se réjouissait tant de recevoir enfin Jésus!
Mais Jésus est patient et les Californiens résilients et organisés! Peu à peu, l’organisation des messes en présentiel se met en place, avec un protocole sanitaire minutieux: messe en extérieur uniquement, avec 60 personnes maximum (sur inscription obligatoire), masques obligatoires, respect des distances, pas de chants ni d’instruments à vent, pas de servants d’autel…un peu triste, mais mieux que rien! Ni une, ni deux, la célébration des première communions est replanifiée au dimanche 13 septembre. Chacun s’organise et se réjouit, invite ses amis (dans le respect des 60 personnes), la retraite est organisée, la messe est prête avec des chants audio enregistrés, des tambourins et une guitare pour que la célébration soit belle et joyeuse, malgré les restrictions!
C’était sans compter les terribles incendies qui s’étaient déclarés quelques jours plus tôt et qui ravageaient les vignobles et forêts californiennes, dégageant des fumées telles que le ciel était orange et l’air irrespirable. Après les chiffres du covid scrutés pendant des mois, c’était maintenant ceux des hectares brûlés, du travail acharné des pompiers et les indices de qualité de l’air qui alimentaient nos discussions et mettaient de nouveau en péril notre célébration! Patience, résilience, abandon… le matin du grand jour, la qualité de l’air est trop mauvaise pour une journée en extérieur (covid oblige!), tout est annulé, et la pièce montée avec…Mais Jésus est là, patient, humble, toujours dans la joie de visiter le coeur de chacun de ces 7 enfants, il nous apprend l’abandon, l’humilité, la prière…l’espérance!
La semaine suivante, certains incendies sont contenus, les fumées se dissipent doucement…ni une ni deux, on replanifie les premières communions au dimanche suivant! Et cette fois, ce sera la bonne! Quentin, Inès, Clémence, Bastien, Augustin, Margot et Lisa vont enfin recevoir le Corps et le Sang du Christ. Leur désir de communier est intact, brûlant…malgré les préoccupations logistiques des adultes.
En ce matin du 20 septembre, ils sont tous là, masqués mais heureux, prêts pour une journée intense de retraite et de célébration. La joie et l’intensité se lisent sur les visages au fil des activités: création d’une bannière pour décorer l’autel, topo du Père Robain, nouvellement ordonné prêtre dans notre diocèse, qui leur explique la Présence Réelle, les prépare à l’adoration du Saint Sacrement et au sacrement de réconciliation. Puis vient le moment de lire les lettres envoyées à chaque enfant par les parrains et marraines, une façon de les rendre présents malgré l’éloignement et l’impossibilité de voyager en ce moment. Enfin, la préparation et la répétition de la messe se terminent, avant l’arrivée des familles.
Les enfants revêtent leurs tenues de fête et leurs masques blancs prévus pour l’occasion, la messe démarre: Oui Seigneur, Tu es bon, oui Seigneur Tu es vainqueur!
Ce cheminement de Première Communion, et plus globalement cette période mouvementée, nous ont appris, enfants comme adultes, à développer ces fruits de l’Esprit que nous avions presque oublié, la patience et la joie! Nous garderons de cette expérience un nouveau regard sur la patience, parfaitement exprimé par Sophie Lutz, écrivaine et maman d’une petite fille polyhandicapée:
“La patience ne consiste pas à ronger son frein, mais à ouvrir son cœur. Cela peut coûter, mais c’est le moyen d’être surpris, de découvrir l’inconnu en soi, en l’autre, en Dieu, de recevoir les changements que nous n’avions pas prévus, pas maîtrisés, et même pas tout à fait compris. Recevoir ce que nous n’attendions pas ou plus est un sommet de joie.”
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